Il est où le bonheur ? Il est là…
Posté le 1 novembre 2023
C’est inévitablement la petite chanson qui vous trotte dans la tête après avoir entendu Lionel C. parler de sa « révolution personnelle ». Vous allez comprendre…
Aide-Soignant fraîchement diplômé de l’Institut de formation SANTEST IFAS, aujourd’hui en poste à l’EHPAD Notre Dame du Bon Repos à Maxéville, Lionel C. est sorti major de sa promotion ! Une situation justifiant de prévoir un bel article pour en parler d’autant que la major de promotion de la session précédente – pour l’anecdote -travaillait dans le même établissement. Rendez-vous est pris pour évoquer avec lui son parcours.
C’est bien plus qu’une rencontre avec un étudiant ayant brillamment réussi son cursus qui s’est produite : ce fut un véritable un moment suspendu de bonheur simple.
En 2020, Lionel a 45 ans et exerce depuis 20 ans son métier de gestionnaire de comptes pour une grande entreprise du secteur de l’énergie. Un travail avec peu de contact mais qui offre un intéressant train de vie. Cette année-là, la crise sanitaire du COVID s’abat sur le monde. Avec les confinements qui s’en suivent, tout le monde quitte les bureaux… Mais pas lui. Il devient un lien précieux dans le rouage de l’entreprise et pour ses collègues. A la fin du second confinement, c’est le retour des collègues au bureau. La routine se réinstalle et Lionel se rend à l’évidence : il s’ennuie. Ce lien social qu’il avait durant le confinement lui manque. La perte de sens est totale au point de conduire Lionel en arrêt maladie : un véritable coup de massue pour lui qui n’a jamais cessé de travailler. C’est le brown out ! (pour en savoir plus)
Durant cette période, il prend conscience de la situation des EHPAD, que ce virus venu d’Asie a largement mis sur le devant de la scène sanitaire. Cela lui rappelle qu’à 18 ans, ce qu’il rêvait d’être, c’était infirmier. Mais quand on a 18 ans, on suit les copains.
EHPAD… Ce mot bizarre qui rassemble des vieilles personnes qui ont tant besoin de contact et qui ont particulièrement souffert de l’isolement durant cette crise sanitaire. Il y a tant à faire en EHPAD… L’idée fait son chemin. Une année durant, il va réfléchir ; peser le pour, le contre. Un irrépressible cheminement personnel, intellectuel et professionnel s’opère alors.
Le 25 décembre 2021, il regarde – à tout hasard – comment s’inscrire à l’IFAS. Sept jours plus tard, il annonce à ses parents qu’il va quitter son emploi. Sa décision est mûrement réfléchie, assumée : désirée. Le 2 janvier 2022, il annonce à sa RH qu’il va quitter son poste pour devenir aide-soignant : elle le soutiendra totalement dans sa décision.
La nuit qui suit, il fait un rêve : il se voit, vêtu d’un blouse d’aide-soignant, toquer à des portes de chambre.
En mars 2022 il est reçu pour un entretien à l’IFAS : il ne connaît strictement rien au métier mais l’entretien sera positif ; il reçoit la confirmation juste avant les vacances d’été, synonyme d’une rentrée en septembre. Le hasard des connaissances l’amène jusqu’à Lucile A. (responsable RH à l’EHPAD Notre Dame du Bon Repos).
Lionel veut désormais vivre son rêve pleinement ; et même tout de suite !
De mai à septembre il va travailler à l’EHPAD Notre Dame du Bon Repos. Il n’a jamais mis un pied en EHPAD ; il ignore tout de l’accompagnement des résidents. Il arrive en tant qu’Agent de Soins avec une appréhension maximale. Il est accueilli avec bienveillance par ses collègues du service Saint Martin.
A son arrivée, le 1er jour, quelques minutes à peine après avoir mis les pieds dans le service, c’est pour Lionel le premier contact avec la réalité de l’EHPAD : un résident est tombé par terre. Certains auraient pu être totalement dépassé par la situation, mais pour Lionel, c’est une révélation qui se confirme. Il se lance, aide le résident : sa journée démarre, son rêve commence, sa nouvelle vie se dresse devant lui.
En rentrant chez lui le soir, il se rappelle : il était aux anges !
Pendant 3 mois, il va naviguer de service en service pour découvrir le métier d’aide-soignant. Cette toute première expérience va être pour lui la confirmation qu’il a fait le bon choix et accroître son impatience d’entrer en formation pour devenir aide-soignant diplômé. A l’IFAS, il se donne à fond. Il veut être le meilleur possible pour se prouver, prouver à tous, qu’il a fait le bon choix. Au gré des stages, il découvre la chirurgie de la main, les Soins de Suite et de Réadaptation… Ces expériences vont renforcer son intérêt pour le secteur de l’EHPAD. En formation, il apprend la rigueur, l’exigence. Il s’épanouit.
Avec sa personnalité lumineuse et bienveillante, c’est l’avènement d’un aide-soignant brillant aux valeurs humaines chevillées au corps qui se produit. Un professionnel apprécié de ses collègues et des formateurs. Il le reconnaît, « être un aide-soignant homme est un atout précieux pour travailler dans un milieu si féminisé ».
A 47 ans aujourd’hui, Lionel ne cache pas que sa maturité a été une force qui l’a beaucoup aidé dans sa prise de décision de changer de vie professionnelle. Il a bénéficié d’un Contrat Allocation Étude qui a été déterminant : changer de vie c’est bien, mais il faut pouvoir vivre durant ses études. L’aide financière que représente le CAE l’a grandement aidé.
Désormais, il a une blouse et « porter une blouse c’est un vrai poids de responsabilité ». Il ne s’est jamais senti aussi utile de sa vie et sa mutation professionnelle a eu des répercussions jusque dans sa vie personnelle.
Lionel a un parcours atypique et il est conscient qu’il a des choses à apporter aux autres. Il souhaite se perfectionner dans la connaissance de son métier. « Jamais on ne peut s’ennuyer dans ces métiers » dit-il. Il imagine se former comme Assistant de Soins en Gérontologie (ASG), mais également devenir tuteur pour transmettre ces valeurs qui lui sont si chères.
A 18 ans il voulait être IDE : un rêve qui pourrait bien devenir réalité dans un avenir proche.