Nous venons de traverser deux années de crise sanitaire qui ont « mis à plat » les équipes salariées, qui ont conduit certains professionnels jusqu’à l’écœurement de ce qui était alors « leur » vocation, qui ont mis en tension les soignants et les résidents, les équipes et les familles, les pouvoirs publics et les établissements…

L’affaire ORPÉA vient jeter une fois de plus le discrédit sur l’ensemble d’une activité déjà en terrible souffrance.

C’est dans ce contexte que le Conseil d’Administration de la Fondation et Jean René BERTHÉLÉMY (Directeur Général) ont souhaité aller à la rencontre des résidents et des familles, pour entendre les inquiétudes, répondre aux questions mais aussi pour expliquer la réalité du quotidien de nos établissements, tous habilités à 100% à l’aide sociale.

Ces réunions d’échange ont été organisées sur l’ensemble des EHPAD de la Fondation. Elles ont été l’occasion de rappeler l’histoire de la Fondation, prolongement de l’œuvre d’une Congrégation née en 1652.

La Fondation Saint Charles de Nancy est une entreprise jeune avec une histoire longue.

Une gestion désintéressée : comme toutes les entreprises non commerciales, la Fondation n’a pas vocation à réaliser des bénéfices, et encore moins à distribuer des dividendes à des actionnaires… Aussi, la Fondation travaille à « prix coûtant »

Le saviez-vous ?

En France, selon l’INSEE, le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie va doubler entre 2010 et 2060, passant ainsi de 1,25 millions à 2,5 millions. Face à ce choc démographique tout à fait certain, les pouvoirs publics, depuis 10 ans, remettent les décisions à plus tard…

L’habilitation à l’aide sociale : de très nombreuses personnes n’ont pas les revenus ou le patrimoine suffisants pour financer leur séjour en EHPAD. Aussi, lorsqu’un gestionnaire choisit d’être totalement habilité à l’aide sociale, il peut accueillir des résidents à très faibles revenus ou sans revenus du tout. Dans ce cas, c’est le Conseil Départemental qui prend à sa charge la pension du résident, après avoir sollicité d’éventuels « obligés alimentaires » (enfants et petits-enfants). La contrepartie de cette habilitation tient dans le fait que le Conseil Départemental fixe le tarif « hébergement » de l’établissement, tarif UNIQUE et IDENTIQUE pour tous les résidents. Sans établissements habilités à l’aide sociale, beaucoup de gens ne pourraient pas être accueillis en EHPAD.

En France, un peu plus de 7400 EHPAD accueillent aujourd’hui près de 650.000 résident(e)s en perte d’autonomie. On entre en EHPAD aujourd’hui a plus de 86 ans en moyenne

Peut mieux faire !

Les ressources allouées par les pouvoirs publics aux EHPAD de la Fondation permettent de disposer d’environ 65 salariés pour 100 résidents…

Tous les spécialistes s’accordent sur le fait qu’il faudrait passer à 80 salariés pour 100 résidents pour assurer un accompagnement suffisant…

L’amélioration continue de la qualité de service : cet engagement se traduit par la volonté constante de s’interroger sur nos pratiques pour les améliorer. Dans le respect des normes, dans cette volonté de recherche de l’intérêt général, l’accompagnement des résidents, dans un discernement éthique construit, est au cœur de nos préoccupations.

En moyenne, un EHPAD de la Fondation Saint Charles de Nancy dispose de 137.70€ par jour en 2021 pour payer : le personnel, les soins, le chauffage, les repas, la blanchisserie, l’immobilier, les protections, l’électricité…

Intégrer les bénévoles dans l’action quotidienne : parce que prendre soin des aînés les plus fragile est une tâche qui incombe aussi aux citoyens, la Fondation s’attache à développer l’action bénévole dans les établissements, source d’engagement et de créativité.

L’innovation  : la Fondation porte l’œuvre d’une institution qui a su innover, inventer, tout au long des siècles derniers. La recherche de solutions nouvelles, adaptées à l’environnement, permettant de diversifier l’offre de service, guide son action.

Une salariée de la Fondation a tenu à s’exprimer au cours de l’une de ces réunions en lisant à l’assemblée, un texte qu’elle a rédigé. Avec son accord, nous avons tenu à le communiquer.

« Bonjour Mesdames, Messieurs, les résidents et collègues.

Je voulais seulement intervenir en tant que soignante et fille de résident, atteinte de la maladie d’Alzheimer, qui a séjournée à l’EHPAD Sainte Thérèse pendant trois ans.

Je comprends les familles qui veulent que leurs parents soient au mieux dans notre structure, mais je pense sincèrement que lorsqu’il s’agit de nos parents, rien n’est mieux que de s’occuper d’eux jusqu’à la fin de leurs jours, en les accueillant chez soi ou en les laissant dans leur habitation.

Mais qui peut dire à ce jour qu’il garderait ses parents ? Pas beaucoup…

On essaie alors de prolonger leur départ car on culpabilise et on a l’impression de les abandonner, et voilà, ils se retrouvent dans nos établissements, soignés par nous, qui essayons de faire au mieux. Bien évidemment tout n’est pas parfait, je le conçois. Mais, nous essayons de faire le maximum pour qu’ils se sentent chez eux, bien que leur famille leur manque. Nous essayons de les calmer quand ils sont agités, de les écouter quand ils sont tristes, de les consoler quand ils pleurent. Nous remontons les informations auprès de nos infirmières, notre psychologue, notre ergothérapeute, notre médecin coordonnateur, notre cadre de santé et notre Direction, pour leur apporter un confort maximum.

Évidemment, tout ceci est l’arrière-plan de la scène, vous me direz, que c’est notre travail et vous avez entièrement raison et que les maisons de retraite coûtent cher, ça aussi je le sais. Mes deux sœurs et moi-même avons dû payer pour que maman réside à la maison de retraite et que mon père puisse vivre décemment chez lui. Nous avons même fait un article sur l’Est Républicain.

Il ne faut pas voir que le négatif car il y a aussi beaucoup de positif. Moi aussi, quand maman était résidente, il y avait des choses qui ne me plaisaient pas, car c’était ma mère et que je voulais que tout soit parfait pour elle. Mais au bout du compte, quand elle est partie, et que je repense à elle, je me dis qu’elle était bien dans cette maison, et que l’on s’est occupé d’elle avec dignité, même si tout n’était pas parfait.

Il nous faudrait plus de moyens en terme de personnel, ce qui ne dépend pas de l’établissement, comme vous l’a expliqué le Directeur.

Malgré tout, nous sommes là pour nous occuper de vos parents, le mieux possible. Il faut un climat de confiance entre vous et nous. Et ne pas faire de toutes les maisons de retraite et des personnes qui y travaillent, un endroit négatif ».